Place libre, trinquet, mur à gauche, paleta cuir, paleta gomme, cesta punta … des termes qui se rapportent tous à la pratique de la pelote basque, nom générique désignant un sport où l'objectif est de faire rebondir une balle (la pelote) contre un mur principal (le fronton) et de mettre à la faute l'équipe adverse. Le sport compte six clubs dans le Gers.
Dans l'imaginaire collectif, pelote basque rime souvent avec grande chistera expédiant une balle à des vitesses folles sur terrain vert à trois murs. Mais la cesta punta (ou jai-alai en basque), porte-étendard du sport, n'en est qu'une des multiples variantes, disputée sur un terrain appelé mur à gauche (à trois murs mais ouvert à droite). A défaut d'installation de cet acabit, on peut tout de même jouer à la pelote basque en extérieur, sur un fronton unique, on parle alors de place libre. C'est sur place libre que les Gersois adeptes de la discipline s'adonnent à des parties en duo, pour le plaisir ou la compétition.
Le Championnat du Gers a d'ailleurs débuté la semaine dernière, et se déroulera jusqu'au mois d'avril sur tous les frontons du département (on en dénombre sept, tous en place libre à Auch, Condom, Mirande, Plaisance, Masseube, Gimont et Nogaro qui n'a pas de club résident). En l'occurence, il n'est pas ici question de chistera mais de paleta, sorte de raquette en bois dur accompagnée d'une pelote d'une cinquantaine de grammes, en gomme ou en cuir. La pelote gomme a la particularité de nécessiter un temps de « chauffage » plus ou moins long (une quinzaine de minutes) ; à froid, sa capacité de rebond est quasiment inexistante, chauffée elle devient un véritable missile sol-sol. Mais dans le Gers en janvier il n'est pas que la pelote qui demande à se réchauffer. Un aléa évident du sport en extérieur … mais quand celui-ci peut tout aussi bien se dérouler sous un toit on ne peut que souhaiter bénéficier d'une installation couverte.
Bientôt un fronton couvert dans le département ?
Pour Joël Collongues, président du Pilotariak Auscitain, il s'agit d'une nécessité en vue de développer la discipline, « toutes les villes qui ont ce genre de structure ont multiplié leur nombre de licenciés par dix ». Son club compte actuellement une cinquantaine de licenciés, dont 20% de jeunes pour qui la pelote n'est souvent que le deuxième ou troisième sport. Dans un sport qui a tardé à s'ouvrir à la pratique féminine, le Pilotariak intègre aussi huit femmes, de quoi aligner un duo entièrement féminin et deux mixtes sur les Championnats du Gers.
Un projet d'infrastructure couverte avait été monté par les différentes parties prenantes gersoises, qui n'a pu aboutir. Mais comme la pelote, les afficionados savent revenir avec ardeur sur le terrain, et un nouveau projet dont le maitre d'oeuvre serait déjà trouvé est en marche. L'objectif pour la pelote gersoise : obtenir un écrin neuf, mur à gauche ou trinquet (structure à quatre murs dont un comportant une sorte d'excroissance biseautée) et à l'abri des caprices météorologiques. A Auch, eu égard à sa position centrale dans le département, ou dans une autre commune non encore dévoilée. Le tout serait financé à hauteur de 80% par l'Agence Nationale du Sport. Joël Collongues est confiant quant à la viabilité du projet et espère bien rebondir sur l'arrivée d'un terrain en plusieurs dimensions : « Le jour où on va l'inaugurer l'idée serait d'avoir un match international comme une Coupe d'Europe. En place libre il n'y a tout simplement pas de compétition internationale ».
Une fédération peu disposée à la promotion de son sport
La preuve par l'exemple, avec l'ambition d'attirer plus de jeunes et de créér un terreau fertile pour la discipline. Le club intervient déjà auprès d'écoles primaires de l'agglomération, de CLAE lors des vacances ou sur des journées type sport-citoyenneté. Au total près de 400 à 500 jeunes sont sensibilisés à la pratique de la pelote basque chaque année. Le président déplore néanmoins le manque de velléités de développement des instances nationale du sport, trop « sectaires » à son goût et se contentant allègrement de leur statut privilégié dans les Pyrénées-Atlantiques (Béarn et logiquement Pays Basque) voisines, qui concentrent à elles seules aisément plus de 90% des frontons de France. Avec l'amertume de se voir parfois imposer d'arriver plus tôt que leurs adversaires, pourtant locaux de l'étape.
On dénombre quatre frontons couverts dans les Hautes-Pyrénées (deux à Tarbes, un à Lourdes et un à Lafitole), et un dans le Lot-et-Garonne (à Boé). Si l'arrivée d'un mur à gauche se confirmait dans le Gers, les clubs locaux pourraient enfin pratiquer tout un pan de leur sport sans être contraints à l'exil temporaire.
V.M